AVANT, je me foutais des ex-copines de mes chums MAINTENANT, son ex fait partie de ma vie. – Maryef.P

 

C’était toujours un stress pour moi de présenter mes « copains » à ma famille. Lorsque j’ai parlé de mon conjoint actuel pour la première fois à ma mère, j’ai eu droit aux questions usuelles. Âge, métier, « c’est qui sa mère? »… Et est venu le moment où j’ai dû lui dire « en plus, il a un enfant de 5 ans ». Ma mère m’a répondu : « Ouf, veux-tu vraiment t’embarquer la dedans? » Je lui ai proprement rappelé mon désir d’avoir des enfants, mon environnement qui en débordait etc. Et là, ma mère a prononcé la phrase qui est restée dans ma mémoire depuis ce temps. « Je ne parle pas de devoir dealer avec son enfant, mais de dealer avec son ex… »

On dit que lors d’une première date, c’est mal vu que parler de son ex. Peu importe la relation qu’on a avec cette personne. Mais quand le gars a un enfant, ça pas vraiment le choix de venir sur le sujet. Disons que la phrase : « ouais pis quand tu deviens papa à 21 ans, ça t’oblige à mûrir plus vite » tu ne suis pas avec une phrase du type : « Ha, super et prends-tu de la crème fouettée sur ton chocolat chaud? ». Pas le choix, le sujet revient automatiquement à se passer et vient les questions un peu plus intrusives incluant le fameux « Pis comment ça se passe avec la mère? ». Notre première rencontre a donc été assez indiscrète niveau questions, mais très fructueuses niveau émotions. Bref, ex ou pas, je n’avais clairement pas l’intention d’être la prochaine.

Quelques semaines plus tard, j’ai rencontré son enfant et, bien sûre, la maman… aka L’Ex. Je sentais son regard m’analyser. Elle s’est présenté poliment, mais a surtout discuté avec le papa. Ça a pris plusieurs rencontres « d’échange d’enfant » avant qu’elle comprenne que j’étais là pour rester. En même temps, je ne peux pas lui en vouloir. Elle ne pouvait pas savoir… et moi non plus. Rapidement, elle a vu que je tenais à cet enfant et que j’aimais sa présence. Mon conjoint a emménagé chez moi assez vite et je me suis dépêchée à faire la chambre de son kid. Pour moi, c’était important que, autant mon nouveau chum que son enfant, voient que je les accueillais dans ma vie de façon sérieuse. En plus, mon conjoint travail systématiquement toutes les fins de semaine, donc j’étais souvent seule avec son enfant. L’Ex n’a donc pas eu le choix de m’accepter.

Deux années plus tard, mon conjoint et moi avons donné naissance à notre enfant.

Je regardais ce petit être qui venait de sortir de mon corps et je n’aimais pas l’idée de voir l’infirmière que je ne connaissais pratiquement pas partir avec mon bébé, à quelques mètres de moi. Je n’aimais pas que la visite prenne mon enfant pendant que je me « repose » et donc, sans que je ne puisse garder un œil dessus. Mais c’est quand j’ai vu l’enfant à mon chum, du haut de ses 7 ans, tenir ma moitié de vie dans ses petits bras, que j’ai compris. Cet enfant, à qui je  répète de faire attention à la tête du bébé, de mettre sa main sous ses fesses, de rester assis sur le divan… cet enfant est aussi la moitié de vie de cette Ex.

Chaque semaine, elle laisse une partie de son cœur à une parfaite inconnue (moi), sans pouvoir garder un œil dessus. Chaque semaine, son cœur se déchire, espérant que tout se passe bien, priant le ciel que son enfant revienne la tête pleine d’histoires et les yeux remplis de sourires. Mais quand ça arrive, y’a un pincement. Parce que quand on est maman, y’a rien de pire que de voir son enfant détesté sa belle-mère, mais ça fait quand même un petit peu mal quand il aime beaucoup sa belle-maman.

Maintenant que mon enfant a deux ans, je ne peux m’imaginer la douleur profonde de laisser mon enfant à une parfaite inconnue, jeune, sans enfant, qui connaît mon ex depuis peu. Maintenant, je comprends les interrogations, les mille et une questions, les où, quand, comment, avec qui. Je comprends, et je la remercie.

Aujourd’hui, je suis reconnaissante envers mon chum de m’avoir fait confiance et m’avoir donné la chance de lui faire vivre la naissance d’un autre enfant dans un contexte différent.

Aujourd’hui, je suis reconnaissante envers son enfant, de m’avoir accepté dans sa vie et de me confier ses petits problèmes, de me partager ses pensées et de m’aimer autant que je l’aime.

Aujourd’hui, je suis reconnaissante envers cette Ex, cette maman, qui m’a fait confiance et qui continue de le faire en me prêtant une partie de son cœur, de son âme, à toutes les semaines pour que je puisse lui donner autant d’amour que je le peux. Honnêtement, je t’admire et te respecte énormément. J’ai compris la peur que tu peux ressentir, l’angoisse de voir ton enfant partir. J’apprécie sincèrement tes messages pour me tenir au courant de son parcours scolaire, de ses semaines plus difficiles ou de ses réussites. Je te remercie de m’inclure dans sa vie, comme si je faisais partie de la tienne. Saches que j’aime ton enfant comme si c’était le mien, mais tu resteras toujours sa maman.

Auteure : Maryef.P

3 réflexions sur “AVANT, je me foutais des ex-copines de mes chums MAINTENANT, son ex fait partie de ma vie. – Maryef.P

  1. Cet article me touche profondément… J’ai eu deux chums avec des enfants en garde partagée, dont mon chum actuel qui est probablement l’homme de ma vie 🙂
    Étant moi-même une enfant de séparation, j’étais encore plus sensible à ce que ces situations impliquent du côté émotif.
    Je n’ai jamais eu de souci avec les enfants (c’est pas toujours facile et le rôle de belle-mère est autant valorisant qu’ingrat, mais bon, c’est normal!), mais la relation avec l’Ex m’inquiétait aussi.
    Le premier chum-papa, ça se passait très mal et ça m’affectait énormément. Quand j’ai rencontré mon chum actuel et qu’il m’a rapidement annoncé l’existence de son enfant, je savais donc que c’était là que ça se jouait pour moi. Heureusement, il a une très bonne relation avec la mère. Pas parfaite, évidemment, mais leur rupture n’est pas récente, ils se parlent, ils mettent leur fils en priorité. C’est une base convenable. Leur fils était aussi plus vieux que ton beau-fils, quand j’ai rencontré Chum. Ça facilite beaucoup les choses.
    Maintenant, je ne me passerais plus de ces deux garçons dans ma vie. L’Ex sera toujours un peu dans le décor, et c’est parfait ainsi.
    On n’a pas encore d’enfant ensemble, Chum et moi. Aussi la dernière partie de ton texte me fait découvrir une autre facette de la situation… très touchante… Merci 🙂

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  2. Merci beaucoup!!
    Ce n’est pas toujours facile avec l’Ex. J’ai la chance que la maman soit super compréhensive et que justement, la hache de guerre soit enterrée avec mon conjoint. Je suis consciente que certaines personnes puissent vivre l’inverse. Au nombre de fois où je lis des histoires tristes de maman et belle-maman qui se livrent une guerre sans fin…
    Mais je crois, bien souvent, que les conflits pourraient être diminués voir parfois même évités si les deux parties essayaient de comprendre la réalité de l’autre. Et ça m’est arrivé comme un coup de masse dans le front, cette réalité, quand j’ai à mon tour eu mon enfant. Juste la « première journée à la garderie  » est pénible… J’imagine pas une fin de semaine complète, une semaine complète, avec des inconnus… Ouff …
    Je te remercie encore de ton commentaire! 🙂 La semaine prochaine je suivrai avec la relation tumultueuse entre belles-mamans et beaux-enfants… Ça pourras peut-être t’intéressé aussi. 🙂

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  3. Wouaw, tu viens de me tirer une larme dis donc ! Mon mari a un enfant issu d’un premier mariage qui vit maintenant avec nous, je ne vais pas entrer dans les détails #c’estcompliqué mais j’aurais vraiment aimé vivre ce que tu décris. Moi je ne connais que ressentiment, colère, coups bas et irrespect… Au quotidien c’est très usant !

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