Avant, je savais. Maintenant, je comprends. Partie 2 – Maryef.P

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Partie 2
Auteure : Maryef.P

J’ai vécu un drame dans ma vie. Sans entrer dans les détails, j’ai côtoyé la mort, comme plusieurs personnes.
Le deuil, c’est difficile. Le temps, c’est le remède.
Je suis le genre de personne qui se remet vite sur pied.
Je n’aime pas me plaindre, je n’aime pas faire pitié.
Je me suis toujours dit que dans la vie, la douleur est inévitable, mais la souffrance vient en option.
La vie continue, quoi.

Avant d’avoir mon bébé, j’ai fait une fausse couche.
Ça été l’horreur. Cet enfant, je le voulais. Je l’aimais déjà, même si ça faisait quelques jours que je connaissais son existence. J’avais peur de ravoir cette joie, si immense, de voir une ligne sur un bout de plastique, et cette douleur, si intense, de voir du sang dans mes sous-vêtements.

Mais je suis vite tombée enceinte une deuxième fois. Et ça été la bonne. Rien n’arrive pour rien, qu’on dit. J’ai le meilleur bébé, je l’aime et je suis heureuse de mon parcours, maintenant. Je n’y pense plus vraiment, à cette fausse couche.

Une amie a moi a eu énormément de difficulté à tomber enceinte.
Après plusieurs tests de fertilités, plusieurs prises d’hormones, plusieurs interventions et plusieurs années, il ne se passait rien. C’était difficile. Pour elle, qui vivait cette déception de voir du sang dans les toilettes à tous les mois.

Vous savez, 2 ans, c’est long. 4 ans, c’est interminable. 7 ans, c’est mortel. Mais, c’est après ces 7 années qu’elle a enfin pu vivre cette joie de la petite ligne du bout de plastique.

Cette joie, de dire aux gens qu’enfin, c’est son tour.
Cette magie, qui entoure une grossesse.
Cette fierté de se faire flatter la bedaine.
Cette excitation de tous, à savoir et annoncer le sexe.
Ce sourire quand on écrit des prénoms et qu’on les répète avec une voix fâchée pour voir si ça se dira bien lorsqu’on avertira ce petit trésor.
Cette attente, en décorant la chambre.
Cette émotion qui grandit au fur et à mesure avec ce petit être plus qu’attendu.
Et le jour J est enfin arrivé.
Un jour J, qui n’arrivera jamais, finalement.

Comment vivre ça? Ça. Ça quoi? Je ne suis même pas capable de l’écrire sans trembler, sans avoir les yeux mouillés, sans verser une larme. J’écris, mais j’en ai mal à la gorge.

Ça, de repartir de l’hôpital les mains vides.
Ça, de repartir avec une petite valise de vêtements inutilisés.
Ça, de repartir avec une coquille rempli vide d’espoir,  vide de rêves et remplie de douleur.
Ça, repartir sans son bébé, parce que ton bébé est déjà parti, lui, au ciel.
Aller voir ton amie pour lui dire « je sais, je comprends… »?
Non, surtout que je n’avais pas d’enfant à ce moment-là.

Je comprends. Je comprends sans comprendre, sans même vouloir comprendre.

C’est impossible de trouver des mots, mais le silence est tellement douloureux, qu’on ne peut s’empêcher de chercher.
Comment peut-on survivre à… ça.
Si je perds mon bébé, l’amour de ma vie, la chair de ma chair, ma moitié de vie…
Non, le temps ne guérirait rien.
Non, la vie ne continue pas, elle s’arrêterait.
Non, rien n’arrive pas pour rien, je ne pourrais pas croire que mon bonheur était prédestiné à me faire souffrir autant.

Mais, quelques années plus tard, mon amie a eu deux autres enfants.
Ils sont beaux, ils sont merveilleux.
Ils rient, ils jouent, ils sourient, ils aiment, ils vivent.
Et mon amie, elle rit avec eux, elle joue avec eux, elle sourit, elle aime et elle vit.
Elle n’a jamais oublié ce petit ange.
Son membre fantôme.
Comme ceux qui perdent un membre physique, elle a appris à vivre autrement.
Elle a adapté sa vie avec ce vide.
Elle vit avec une partie d’elle en moins. Une partie de son cœur.

Parfois, elle le sent.
Parfois, son cœur semble à nouveau entier.
Parfois, elle pleure.
Parfois, je comprends. « Je sais, je comprends »
Mais je sais que ne comprendrai jamais.

Mais maintenant, je sais ce qu’est réellement la force à l’état pur.
Maintenant, je sais ce qu’est réellement l’amour.
La force de l’amour, dont même la mort ne peut arracher.
C’est ça, une maman; un paquet de force et d’amour qui aime, au-delà de la mort.

*Auteure : Maryef.P

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